Le 8 mars est là : c’est l’heure de faire l’état des lieux du sexisme en France

Mars 2024

Le 4 mars dernier la France a inscrit la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans sa Constitution. Elle est le premier pays au monde à avoir constitutionnalisé l’IVG, droit alors menacé dans de nombreux pays à travers le monde. Si cette date marque un tournant majeur dans l’avancée des droits reproductifs en France, où en sommes-nous en matière d’égalité en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes ? Zoom sur un état des lieux du sexisme en France grâce au nouveau rapport du Haut Conseil à l’Egalité (HCE) publié en janvier 2024.

Une société plus consciente et moins tolérante face au sexisme et aux violences…

La progressive libération de la parole et de l’écoute autour des violences sexistes et sexuelles en France a permis à l’opinion publique de se saisir du sujet. Elle est de moins en moins permissive et tend à les condamner plus fermement qu’auparavant. On observe ainsi une conscientisation du sujet plus importante. Pourtant en parallèle, les stéréotypes de genre se renforcent autant chez les hommes que chez les femmes.

… Mais une persistance des stéréotypes de genre…

Il existe un décalage entre cette prise de conscience collective et la persistance accrue des stéréotypes de genre qui cantonnent hommes et femmes à des « rôles types » dans la société.

En 2023, 37% des hommes (en hausse de 3 points par rapport à 2022) considèrent que le féminisme menace leur place dans la société. 70% d’entre eux estiment qu’ils doivent avoir la responsabilité financière de leur famille pour être respectés.

Du côté des femmes, 34% d’entre elles adhèrent à l’idée qu’il est normal pour une femme de s’arrêter de travailler pour s’occuper des enfants. Ce chiffre est en hausse de 7 points par rapport à 2022.

Ainsi, l’idée d’une société avec des rôles plus traditionnels se renforcent : les hommes, pourvoyeurs des revenus du foyer, et les femmes qui tiennent la maisonnée et assurent l’éducation des enfants. Ces stéréotypes de genre ont un impact direct sur l’orientation scolaire et professionnel des jeunes. En effet, 74% des femmes n’ont jamais envisagé de s’orienter dans les domaines scientifiques et techniques. Elles sont ainsi sous-représentées là où elles seront surreprésentées dans les métiers et études du soin et de l’esthétique. Et inversement pour les hommes.

Les femmes exercent donc des professions moins bien payées et sont souvent à temps partiel. La question des inégalités de salaire persiste toujours. A tout temps de travail confondus, les femmes touchent 24,4% de moins que les hommes pour diverses raisons : l’orientation professionnelle, le plafond de verre, et des temps partiels plus fréquents. A temps et métier égal, elles touchent 4,4% de moins. Cet écart pourrait s’expliquer par les discriminations salariales que peuvent subir les femmes en entreprise. Plus d’1 homme sur 5 appartenant à la classe d’âge des 25-34 ans pense qu’il est normal que son salaire soit plus élevé que celui de sa collègue au même poste et à compétences égales. Le sexisme et les stéréotypes de genre s’invitent ainsi dans tous les domaines de la vie.

…. Et des violences sexistes et sexuelles

64% des hommes âgés de 25 à 34 ans disent que la pornographie leur donne envie de reproduire les gestes visionnés dans leurs relations sexuelles. Il est rare de voir dans ces vidéos fictives, scénarisées, et stéréotypées des situations où le consentement est explicitement demandé. La reproduction de ces schémas expose d’autant plus leurs partenaires à des violences sexuelles. Près d’un quart des hommes âgés de 25 à 34 ans interrogés pensent qu’il faut parfois user de la violence pour se faire respecter. Ces chiffres se répercutent directement sur les femmes, puisque 37% d’entre elles déclarent avoir subi une situation de non-consentement, sur la tranche des 25-34 ans ce chiffre grimpe à 50%. 90% des femmes ont déjà modifié leur comportement ou renoncé à des actions afin de ne pas subir de sexisme.

Vers une société plus égalitaire

Toujours selon le rapport 2023 du HCE, 84% de la population interrogée jugent que la prévention et la lutte contre le sexisme doit être une priorité des pouvoirs publics. Malgré des chiffres alarmants, ils se sont majoritairement saisis du sujet dans diverses domaines : transports, entreprises, universités, ce sont de nombreux plans de lutte contre les violences, et les inégalités entre les hommes et femmes qui ont été mis en place.

De nombreuses avancées concernant les droits des femmes ont eu lieu ces dernières années : création de l’index de l’égalité professionnelle (2018), élargissement de la définition du viol dans la loi (2018), grenelle des violences conjugales (2019), augmentation du délai de l’IVG (2022), révision de la Constitution pour y inscrire la liberté d’y avoir recours (2024).

La marche est encore longue, mais la volonté de changement est impulsée. Et les années à venir seront déterminantes. Rendez-vous le 8 mars 2025 !

FOCUS STRUCTURES :

Pour les IVG et la contraception : Le planning familial et les CPEF peuvent t’apporter orientations, conseils et accompagnements gratuitement et anonymement.

Pour faire valoir ses droits : Les centres d’information des droits de femmes et familles (CIDFF) ainsi que le Défenseur des droits sont à ton écoute. Rapproche-toi de ton antenne départementale la plus proche.

Pour les violences conjugales : Le 3919 est un numéro d’écoute des personnes victimes de violences conjugales, mais aussi de leur proche, et des professionnels de santé. Il est disponible 24h/24 et 7j/7 gratuitement et anonymement. Des structures locales existent dans chaque ville, n’hésite pas à te renseigner si besoin.

Pour toute urgence : Le 17 est le numéro de la police, il est disponible 24h/24 et 7j/7 gratuitement.