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Les causes, signes et conséquences d’un déni de grossesse

Publié le 2 avril 2025 Avril 2025

Tomber enceinte sans s’en rendre compte, ça te paraît improbable ? Pourtant, le déni de grossesse est une réalité qui concerne entre 1500 et 3000 femmes en France chaque année. Ce phénomène méconnu peut surprendre, choquer et surtout soulever de nombreuses questions. Comment peut-on être enceinte sans le savoir ? Quels sont les signes, les causes et les conséquences d’un déni de grossesse ? Et surtout, comment réagir si tu penses être concerné(e) ? On t’explique tout, de manière claire et sans tabou.


Qu’est-ce qu’un déni de grossesse ?

Le déni de grossesse, c’est le fait d’être enceinte sans en avoir conscience. Ton corps s’adapte à cette absence de prise de conscience, et les signes habituels de la grossesse (absence de règles, nausées, prise de poids…) sont quasi inexistants. En clair, ton esprit refuse cette grossesse et, en réaction, ton corps ne te donne aucun signal pour t’alerter.

Il existe deux types de déni de grossesse :

  • Le déni partiel : Tu découvres ta grossesse après plusieurs mois, souvent vers le 4ᵉ ou 5ᵉ mois.
  • Le déni total : Tu ne réalises que tu es enceinte qu’au moment de l’accouchement.

Contrairement à une grossesse cachée, où une personne choisit volontairement de ne pas parler de sa grossesse, dans un déni de grossesse, la personne enceinte ne sait tout simplement pas qu’elle porte un bébé.

Comment savoir si tu fais un déni de grossesse ?

C’est tout le problème : tu ne peux pas savoir, car ton corps ne t’envoie pas de signaux évidents. Mais il existe quand même des indices qui peuvent te mettre la puce à l’oreille.

1. Ton corps ne change pas

Normalement, pendant une grossesse, ton ventre s’arrondit, ta poitrine gonfle et tu prends du poids. Dans un déni de grossesse, ces changements ne sont pas visibles. Ton ventre peut même rester plat, car l’utérus s’adapte en se plaçant différemment (souvent vers la colonne vertébrale).

2. Tu as encore tes règles (ou presque)

L’absence de règles est souvent le premier signe de grossesse, mais certaines femmes continuent d’avoir des saignements irréguliers. Ces saignements, bien que différents des règles normales, peuvent être confondus avec un cycle menstruel irrégulier.

3. Tu ne ressens pas de symptômes de grossesse

Les symptômes comme les nausées, la fatigue intense ou les envies fréquentes d’uriner sont absents ou tellement légers qu’ils passent inaperçus. Même les mouvements du bébé ne sont pas ressentis, ou alors, ils sont confondus avec des troubles digestifs.

4. Un test de grossesse peut être négatif

Ça peut paraître fou, mais certains tests urinaires peuvent afficher un faux négatif en cas de déni de grossesse. C’est rare, mais ça arrive si l’hormone de grossesse (HCG) est produite en très faible quantité. Par contre, une prise de sang est toujours fiable.

Pourquoi certaines femmes font un déni de grossesse ?

Le déni de grossesse est un mécanisme de défense psychologique extrêmement puissant. Il ne s’agit pas d’un simple “refus” de la grossesse, ni d’un manque de lucidité. En réalité, c’est le cerveau qui empêche totalement la personne enceinte de percevoir la réalité.

Ce phénomène se produit quand une grossesse est inimaginable pour une femme à un moment donné de sa vie. Son inconscient bloque alors toute information en lien avec cette grossesse, au point que son corps ne manifeste pas les signes « habituels ».

Mais pourquoi une telle réaction ? Plusieurs facteurs peuvent favoriser un déni de grossesse. Ce sont souvent des situations où la grossesse représente un bouleversement trop fort à accepter pour l’esprit.

1. Un traumatisme passé peut être à l’origine du déni

Un passé douloureux peut être un déclencheur. Lorsqu’une femme a vécu une agression sexuelle, une expérience de grossesse difficile (fausse couche, IVG compliquée…) ou encore un abandon, son inconscient peut verrouiller toute possibilité d’accepter une grossesse.

Le cerveau met en place un “mécanisme de survie”. Il considère que reconnaître cette grossesse serait trop douloureux et dangereux pour l’équilibre psychique de la personne.

Dans certains cas, même si la femme souhaite avoir des enfants un jour, la peur associée à un traumatisme passé peut provoquer ce blocage.

2. Une peur intense de la maternité

Certaines femmes ressentent une peur panique à l’idée d’être enceintes ou de devenir mères. Cette peur peut être consciente (phobie de la grossesse, peur de l’accouchement) ou totalement inconsciente.

Elle peut être liée à plusieurs choses :

  • Une angoisse du changement radical qu’implique une grossesse.
  • Une peur de ne pas être à la hauteur pour élever un enfant.
  • Une expérience familiale compliquée qui crée un rejet de la maternité.
  • Etc.

Dans ces cas-là, le cerveau va tout faire pour éviter cette réalité. Et comme le corps et l’esprit sont liés, la grossesse devient “invisible” : pas de ventre qui pousse, pas de nausées, pas d’aménorrhée (absence de règles)…

3. Un environnement familial ou social compliqué

Quand une grossesse semble “interdite” par l’entourage ou la société, cela peut être un facteur de déni de grossesse.

Par exemple :

  • Une jeune femme qui grandit dans une famille très stricte, où une grossesse hors mariage est inacceptable.
  • Une personne qui subit des pressions familiales fortes sur ses études ou sa carrière et qui ne peut “pas se permettre” de tomber enceinte.
  • Une  femme dans une relation toxique, où elle sait que la grossesse serait un problème (violences conjugales, dépendance financière, pression du conjoint…).

Dans ces cas-là, la grossesse est une réalité trop “inconcevable” pour l’esprit. Le corps s’adapte en bloquant tous les signes physiques et en empêchant la femme d’en avoir conscience.

4. La croyance d’être stérile

Certaines femmes ont grandi avec la certitude qu’elles ne pourraient pas avoir d’enfants. Parfois, c’est parce qu’un médecin leur a dit qu’elles étaient infertiles. D’autres fois, c’est simplement une croyance qu’elles ont développée pour différentes raisons (cycles irréguliers, difficulté à concevoir dans le passé, maladies gynécologiques…).

Résultat ? Si elles tombent enceintes, leur cerveau rejette immédiatement cette possibilité.

Là encore, ce n’est pas un refus volontaire. C’est un mécanisme inconscient où la femme pense “Ce n’est pas possible, donc ce n’est pas réel”.

Quelles sont les conséquences d’un déni de grossesse ?

1. Pour la mère

Découvrir une grossesse tardivement peut être un énorme choc psychologique. Certaines ressentent de la culpabilité ou du stress, surtout si elles n’ont pas eu le temps de se préparer mentalement à devenir parent.

Si le déni de grossesse se lève brutalement, des symptômes physiques peuvent apparaître en quelques heures : le ventre peut s’arrondir d’un coup, la prise de poids peut s’accélérer et des douleurs peuvent survenir.

2. Pour le bébé

Le principal risque pour le bébé, c’est le manque de suivi médical pendant la grossesse. En effet, si tu n’es pas au courant que tu es enceinte, tu ne fais pas d’échographies ni d’examens prénataux. Cela peut entraîner des risques de :

  • Retard de croissance
  • Naissance prématurée
  • Complications liées à l’accouchement

Si l’accouchement a lieu en dehors d’un cadre médical (par exemple, à la maison sans assistance), cela peut être dangereux à la fois pour la mère et pour le bébé. Heureusement, la prise en charge des frais d’hôpital est possible via l’Assurance Maladie et les mutuelles étudiantes.

Que faire si tu penses être concerné(e) ?

Si tu es ici, c’est que tu te poses des questions et c’est déjà une bonne chose. Peut-être que tu ressens un doute persistant, un sentiment étrange que quelque chose ne tourne pas rond, ou alors c’est une remarque de quelqu’un qui t’a mis la puce à l’oreille. Peut-être même que ton corps t’envoie des signaux contradictoires et que tu ne sais pas quoi en penser. Peu importe la situation, sache que tu n’es pas seul(e) et qu’il y a des solutions.

1. Fais un test de grossesse, mais choisis le bon

Si l’idée d’être enceinte te semble impossible et pourtant tu as un doute, le premier réflexe est de faire un test. Mais attention : dans le cas d’un déni de grossesse, certains tests urinaires peuvent afficher un faux négatif. Pourquoi ? Parce que l’hormone HCG, celle qui est détectée par les tests de grossesse classiques, peut être produite en faible quantité et passer sous le radar.

Le plus fiable reste une prise de sang. Tu peux la faire dans n’importe quel laboratoire d’analyses médicales, avec ou sans ordonnance. Si tu es étudiant(e), n’oublie pas que certaines mutuelles étudiantes, comme la LMDE, peuvent prendre en charge ces frais médicaux.

2. Consulte un professionnel de santé, même si tu as peur

C’est peut-être la partie la plus difficile : en parler à un médecin. Tu peux te dire : “Et si je me fais des films ?” ou encore “Je ne veux pas que quelqu’un me juge”. Mais sache que les médecins et sages-femmes sont habitués à ce genre de situations. Leur rôle n’est pas de te faire la morale, mais de t’écouter et de t’aider à comprendre ce qui se passe.

Si tu te sens plus à l’aise avec un médecin généraliste, commence par là. Sinon, un(e) gynécologue ou une sage-femme pourra directement te faire une échographie et répondre à toutes tes questions. L’important, c’est que tu n’attendes pas. Plus tôt tu consultes, plus tu auras de réponses.

Tu peux prendre rendez-vous en ligne ou même faire une téléconsultation si aller sur place te stresse trop.

3. Ne culpabilise pas : ce n’est pas de ta faute

Le déni de grossesse est un mécanisme inconscient. Ce n’est pas un choix conscient.  C’est une réaction du cerveau qui, pour une raison ou une autre, n’a pas reconnu la grossesse.

Si on te dit : “Mais comment tu as pu ne pas t’en rendre compte ?”, sache que c’est une question injuste. Beaucoup de femmes dans ta situation entendent cette phrase et se sentent coupables, mais la réalité, c’est que ton corps et ton esprit ont tout fait pour que tu n’aies pas conscience de cette grossesse.

Il n’y a aucune honte à avoir, et tu n’es pas la seule à vivre ça. Ce qui compte maintenant, c’est ce que tu fais à partir d’aujourd’hui.

4. Entoure-toi : ne garde pas ça pour toi

Si tu viens de découvrir que tu es enceinte alors que tu ne t’y attendais pas, tu peux te sentir complètement perdu(e). Peut-être que tu ressens un mélange de peur, de stress, de colère ou même un vide total. C’est normal.

Mais ne garde pas tout ça pour toi.

Parler, c’est déjà une façon d’avancer. Si tu as une personne de confiance dans ton entourage – un(e) ami(e), un membre de ta famille, ton/ta partenaire – essaie d’échanger avec lui/elle. Si tu ne te sens pas prêt(e), des professionnels sont là pour t’écouter sans te juger.

Un suivi psychologique peut t’aider à comprendre ce qui s’est passé, à gérer tes émotions et à prendre les bonnes décisions pour toi. Certaines structures proposent des consultations gratuites ou adaptées aux étudiants, alors renseigne-toi.

Si tu ressens de la panique, du stress intense ou si tu ne sais pas comment réagir, appelle un centre d’accompagnement (comme le Planning Familial) qui pourra t’aider à y voir plus clair.

Peut-on éviter un déni de grossesse ?

Il n’existe pas de méthode infaillible, mais il y a quelques conseils qui peuvent aider :

  • Être attentif(ve) aux changements de ton corps (règles irrégulières, prise de poids inexpliquée…).
  • Faire un test de grossesse en cas de doute, même minime.
  • Avoir une contraception adaptée : Si tu veux éviter une grossesse non désirée, renseigne-toi sur la contraception et choisis la méthode qui te convient.

Et si jamais une grossesse non désirée se confirme, sache qu’il existe des solutions comme l’IVG, qui est encadrée médicalement et accessible en France.

À retenir

Le déni de grossesse est un phénomène réel, qui touche chaque année des milliers de femmes. Il peut être partiel ou total, et il est souvent lié à un blocage psychologique inconscient. Comme il n’y a pas de symptômes visibles, il est difficile de le détecter soi-même, mais des examens médicaux peuvent lever le doute.

Si tu te poses des questions, ne reste pas seul(e)s : consulte un professionnel de santé et entoure-toi. Et surtout, rappelle-toi que tu n’es pas responsable de ce qui t’arrive. Ce n’est ni un choix ni une faute, mais une réalité qui mérite d’être mieux connue et comprise.

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