Pourquoi j’ai des règles irrégulières ? Causes et conseils

Qu’est-ce qu’un cycle menstruel “normal” ?

Avant de parler d’irrégularité, il faut comprendre ce qu’est un cycle menstruel[1]  “normal”. En général, on dit qu’un cycle dure en moyenne 28 jours (comptés du premier jour des règles au premier jour des règles suivantes). Mais la réalité, c’est que beaucoup de femmes ont des cycles plus courts (24 jours, par exemple) ou plus longs (32 jours, voire davantage). Tout dépend de ton corps et de ton équilibre hormonal.

• Phase folliculaire : elle commence le premier jour des menstruations. Les ovaires se préparent à libérer un ovule sous l’influence de certaines hormones (dont l’œstrogène).
• Ovulation : elle a lieu vers le milieu du cycle (vers le 14e jour si on prend l’exemple du cycle de 28 jours). C’est le moment où l’ovule est libéré dans la trompe de Fallope.
• Phase lutéale : après l’ovulation, le corps sécrète davantage de progestérone pour préparer l’utérus à une éventuelle grossesse. Si la fécondation n’a pas lieu, les niveaux d’hormones chutent et les règles reviennent.

Quand on parle de régularité, on entend souvent : “J’ai mes règles tous les 28 jours environ.” Mais en pratique, un cycle peut varier un peu d’un mois à l’autre (27 jours, puis 29, etc.) sans que ça pose de gros souci. Ce qui compte, c’est que le cycle reste relativement cohérent pour toi, et que tes règles n’arrivent pas de manière complètement aléatoire ou en l’absence totale d’ovulation.

Règles irrégulières : qu’est-ce que ça veut dire ?

Avoir des règles irrégulières, c’est constater des changements importants ou inattendus dans ton cycle menstruel. Par exemple :

• Des saignements qui surviennent trop souvent (tous les 15 jours) ou trop rarement (tous les 40 jours ou plus).
• Des règles qui changent de durée (un cycle de 25 jours un mois, puis de 35 le mois suivant).
• Des règles abondantes[1]  un mois, puis très légères ou presque inexistantes le mois d’après.
• Une absence totale de règles pendant plusieurs mois (aménorrhée), en dehors de la grossesse ou de la ménopause.

Ces irrégularités peuvent être ponctuelles, liées à une période de grand stress ou à un changement de rythme de vie (partiels, déménagement, etc.), ou bien s’installer dans la durée et cacher un déséquilibre hormonal ou une autre cause médicale.

Les causes possibles d’un cycle irrégulier

Les fluctuations hormonales

Le cycle menstruel est régi par une symphonie complexe d’hormones (œstrogène, progestérone, FSH, LH…). Si l’une de ces hormones se retrouve perturbée, ton cycle peut se décaler. Plusieurs facteurs influencent cette régulation, notamment :

• La puberté : au début, le corps cherche ses repères hormonaux. Il n’est pas rare d’avoir des règles très irrégulières (ou règles abondantes, ou très peu de saignements) pendant un ou deux ans après leur apparition.
• La pré-ménopause : c’est évidemment plus tard, mais sache que vers la quarantaine ou la cinquantaine, des perturbations du cycle réapparaissent avant la ménopause.
• Les contraceptifs hormonaux : une pilule mal adaptée, un stérilet ou un implant peuvent influencer la régularité du cycle (parfois, les règles disparaissent complètement, ce qui n’est pas forcément dangereux, mais nécessite un suivi médical).
• Les maladies de la thyroïde : un dérèglement thyroïdien peut se traduire par des cycles irréguliers ou par des règles abondantes.

Le stress et les changements de vie

Être étudiant, ça veut souvent dire enchaîner les cours, les révisions, peut-être un job, et gérer la pression des examens. Or, le stress peut fortement impacter l’ovulation. Le corps, sous tension, peut temporairement bloquer ou retarder la libération de l’ovule. Résultat : des règles qui arrivent plus tard ou plus tôt, ou des saignements inhabituels.

Les variations de poids

Prendre ou perdre beaucoup de poids en peu de temps peut perturber ton équilibre hormonal. Dans certains cas, un indice de masse corporelle (IMC) trop bas ou trop élevé peut provoquer l’arrêt des règles (aménorrhée) ou des cycles très irréguliers. Les troubles alimentaires (anorexie, boulimie) sont aussi un facteur important.

Les pathologies sous-jacentes

Certains troubles ou maladies peuvent se traduire par des irrégularités dans le cycle :

• Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : il s’accompagne souvent d’une production excessive d’androgènes (hormones dites “masculines”), ce qui perturbe l’ovulation et allonge les cycles.
• Endométriose : elle peut engendrer des douleurs intenses, des saignements anormaux, voire des irrégularités menstruelles.
• Fibromes utérins : ces tumeurs bénignes peuvent causer des règles abondantes ou des pertes de sang entre les menstruations.

Certains médicaments ou modes de contraception

Les contraceptifs hormonaux, comme la pilule, peuvent rendre les règles plus régulières ou, au contraire, causer des petits saignements (spotting) entre deux cycles.

D’autres médicaments (contre l’épilepsie, les antidépresseurs, certains traitements pour la thyroïde) ont parfois un impact sur la régularité des cycles.

Règles abondantes : normal ou pas ?

Avoir des règles abondantes (on parle aussi de ménorragies) peut arriver ponctuellement sans que ce soit alarmant. Mais si tu remarques que tu dois changer tes protections (tampons, serviettes, cups) très fréquemment, au point que ça perturbe ta vie quotidienne, ou si tu es sujette à des vertiges ou de l’anémie, mieux vaut consulter rapidement. Les pertes de sang en trop grande quantité peuvent révéler un déséquilibre hormonal, un fibrome ou d’autres soucis de santé. Mais elles peuvent également être liées à un simple phénomène passager, comme un gros coup de fatigue ou une période de stress intense.

Comment gérer les règles irrégulières au quotidien ?

Tenir un journal de cycle

La première étape, c’est de repérer les signes d’irrégularité. Pour ça, rien de mieux que de noter régulièrement ce qui se passe : date de début et de fin des règles, intensité des saignements, douleurs, symptômes associés (maux de ventre, fatigue, maux de tête, etc.). Tu peux utiliser des applications dédiées qui te simplifient la vie et t’aident à détecter des tendances (cycle plus long ou plus court que la moyenne, saignements anormaux, etc.).

Prendre soin de toi

• Gestion du stress : la méditation, la pratique d’un sport, le yoga ou la relaxation peuvent grandement aider à stabiliser ton cycle en évitant les pics de stress.
• Alimentation équilibrée : privilégie un régime varié (fruits, légumes, protéines, etc.) et assure-toi d’avoir un bon apport en fer (viande rouge, lentilles, épinards) pour compenser d’éventuelles pertes de sang trop abondantes.

Bien hydrater ton corps : en cas de règles abondantes, bois suffisamment d’eau pour soutenir la circulation sanguine et limiter la fatigue.

Être à l’écoute de ton corps

Si tu traverses une période de changements (déménagement, rupture amoureuse, concours, etc.), tes hormones peuvent fluctuer et ton cycle se dérégler. Accorde-toi du temps pour récupérer, et ne néglige pas ton sommeil. Le corps, quand il est épuisé, peut donner des signaux de détresse (dont l’irrégularité menstruelle).

Parler de ta sexualité

Parler de ta sexualité peut t’aider à mieux comprendre certains aspects de ton cycle, surtout si tu as des rapports réguliers ou si tu as recours à des méthodes de contraception. N’hésite pas à te documenter sur la sexualité positive : ça peut t’apporter un regard bienveillant sur ton corps et t’aider à vivre tes règles de façon plus sereine.

Quand faut-il s’inquiéter et consulter ?

Des signaux d’alerte à ne pas ignorer

• Des règles très abondantes et répétées qui te fatiguent, te provoquent de l’anémie ou t’obligent à changer de protection très fréquemment.
• Une aménorrhée prolongée (absence de règles) hors grossesse ou sans raison apparente.
• Des cycles extrêmement irréguliers (plus de 45 jours d’écart) ou des saignements inopinés entre les règles.
• Des douleurs intenses dans le bas-ventre, au point de t’empêcher de mener tes activités quotidiennes (cours, boulot, sorties).

Qui consulter ?

• Un(e) gynécologue : c’est le spécialiste de la santé féminine. Il ou elle pourra réaliser un examen clinique, une échographie, voire prescrire des analyses sanguines pour vérifier tes taux hormonaux (œstrogène, progestérone, etc.).
• Ton médecin généraliste : si tu n’as pas encore de gynécologue ou si tu hésites, commence par lui. Il pourra t’orienter si nécessaire.
• La sage-femme : souvent associée au suivi de grossesse, elle est également compétente pour tout ce qui touche au cycle menstruel, à la contraception et au dépistage de certaines maladies gynécologiques.

Et si tu as des contraintes de temps ou que tu te sens plus à l’aise chez toi, sache que certaines mutuelles étudiantes incluent maintenant des services de téléconsultation. Renseigne-toi sur ta mutuelle santé pour savoir si tu peux accéder à un médecin à distance, ça peut être une première étape utile (et rassurante) avant un éventuel examen physique.

Les solutions possibles

Ajuster ou changer sa contraception

Si tu prends la pilule, un implant ou un stérilet hormonal, un déséquilibre ou un dosage inadapté peut engendrer des cycles irréguliers ou des saignements excessifs. Parles-en à ton gynécologue ou à ta sage-femme pour réévaluer si la méthode te convient vraiment. Parfois, changer de pilule ou opter pour un autre mode de contraception suffit à retrouver un cycle plus stable.

Traiter la cause sous-jacente

En cas de syndrome des ovaires polykystiques, de fibromes ou d’endométriose, le suivi et les traitements varient d’une personne à l’autre. Cela peut inclure des médicaments spécifiques pour réguler les hormones, réduire la douleur ou limiter l’apparition de kystes. Parfois, une intervention chirurgicale est envisagée (ablation d’un fibrome, par exemple). Tout dépend du diagnostic et de la gravité du cas.

Rééquilibrer son mode de vie

Un médecin pourra également te conseiller des compléments alimentaires, notamment en fer ou en vitamines, si tu souffres de règles abondantes et d’anémie. Dans d’autres cas, un suivi nutritionnel ou un accompagnement psychologique (surtout si le stress est très présent) peuvent s’avérer précieux.

Nos conseils pour mieux vivre tes cycles irréguliers

• Note tout : tiens un calendrier précis de tes règles, observe leur durée, leur abondance, tes symptômes (douleurs, envies alimentaires, sautes d’humeur…).
• Anticipe : si tu sais que tes règles peuvent débarquer de manière surprise, garde toujours dans ton sac une trousse avec quelques protections (serviettes, tampons, cup, culotte menstruelle).
• Fais le point : si tu prends la pilule, vérifie régulièrement avec ton médecin si c’est toujours la contraception la plus adaptée à ton corps et à ton mode de vie.
• Sois à l’écoute de ton corps : si tu ressens une fatigue inhabituelle ou des douleurs intenses, ne minimise pas. Prends rendez-vous avec un professionnel pour vérifier que tout va bien.
• Parle-en : souvent, on ose peu évoquer la question des règles. Pourtant, il peut être utile d’en discuter avec des amies, de la famille ou un professionnel de santé pour découvrir des solutions ou te sentir moins seule.

En fin de compte, avoir des règles irrégulières n’est pas toujours synonyme de problème de santé. Notre corps n’est pas une machine, et de nombreux facteurs (stress, changements hormonaux, mode de vie, etc.) peuvent jouer sur notre cycle menstruel. Toutefois, si cette irrégularité devient vraiment handicapante (douleurs insupportables, règles abondantes, absence prolongée de menstruations), ou s’accompagne de symptômes qui te paraissent anormaux, n’hésite pas à consulter un professionnel de santé. Le but, c’est d’identifier la cause sous-jacente et de trouver des solutions adaptées, qu’elles soient médicales ou simplement liées à un rééquilibrage de ton mode de vie.