Les troubles bipolaires, autrement appelés troubles maniaco-dépressifs, touchent aujourd’hui environs 600 000 personnes en France. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ces troubles comptent parmi les 10 maladies les plus handicapantes ! Quels sont les symptômes ? Est-ce héréditaire ? Existe-t-il des traitements ? … En cette JOURNÉE MONDIALE DES TROUBLES BIPOLAIRES, le Docteur Fanny JACQ, psychiatre répond à toutes ces questions !
Docteur, qu’est-ce que la bipolarité, comment se caractérise-t-elle ?
La maladie bipolaire est un trouble chronique de l’humeur touchant environ 2% de la population générale. L’entrée dans la maladie se fait souvent en début d’âge adulte, mais souvent le diagnostic prend du temps, environ 8 ans avant de poser le bon diagnostic et de mettre en place le bon traitement. Cette maladie est caractérisée par une alternance d’épisodes d’euphorie de l’humeur, appelés « épisodes maniaques » et d’épisodes de tristesse de l’humeur appelés « épisodes dépressifs ».
Il existe plusieurs types de troubles bipolaires :
- Trouble unipolaire si le patient présente uniquement des épisodes dépressifs à répétition.
- Troubles bipolaires de type 1 si le patient présente surtout des épisodes maniaques (euphorie, insomnie, mégalomanie, excitation, logorrhée*)
- Troubles bipolaires de type 2 si le patient présente une réelle alternance entre des épisodes maniaques et dépressifs.
L’intensité de la maladie est aussi importante. On parle de cyclothymie pour une forme atténuée de trouble bipolaire (l’intensité des épisodes est moindre), et de cycles rapides si l’alternance entre les épisodes dépressifs et maniaques est très rapide (quelques semaines).
L’hérédité joue-t-elle un rôle dans la transmission de la maladie ?
Oui tout à fait mais les causes sont multifactorielles. Il existe une prédisposition génétique mais il existe aussi des facteurs psychologiques et environnementaux (certaines personnalités, le stress, l’anxiété, le cannabis, l’alcool, certains événements de vie…) . L’origine précise de ce trouble n’est pas encore définie.
Quels sont les impacts de la maladie sur la santé, la vie sociale et familiale du malade ?
L’impact de la maladie est important pour le patient et pour ses proches, surtout qu’elle a tendance à s’aggraver avec le temps avec des cycles plus courts et des dépressions plus nombreuses.
Tout va dépendre de la rapidité de prise en charge, de diagnostic, de traitement, mais également de la façon qu’a le patient de répondre aux traitements. Certaines personnes répondent très bien aux médicaments régulateurs de l’humeur et vont vivre une vie totalement normale. D’autres auront tendance à mal suivre leurs traitements ou à mal les supporter hélas.
Les épisodes dépressifs vont isoler les patients et avoir, à terme, des impacts sur leur mémoire ou leurs capacités cognitives. Des conduites addictives ( alcool, tabac, cannabis), des épisodes anxieux et des tentatives de suicide y sont malheureusement bien souvent associés.
Les épisodes maniaques à leur façon peuvent aussi isoler le patient car ils sont assez impressionnants: mégalomanie, conduites à risque, hyper-sexualité, désinhibition, dépenses excessives… Il peut être nécessaire de mettre la personne sous système de protection comme la curatelle ou la sauvegarde de justice. Quand le traitement est bien équilibré, le patient vit une vie normale, on connait des personnalités connues qui ont souffert d’un trouble bipolaire tout en conjuguant une carrière professionnelle exceptionnelle.
Comment peut-on diagnostiquer cette maladie et quels en sont les traitements ?
La principale façon de diagnostiquer cette maladie est un examen clinique avec un entretien psychiatrique très approfondie. Le diagnostic se fait de façon rétroactive d’ou le retard de prise en charge.
Une fois le diagnostic posé, l’urgence est de mettre en route un régulateur de l’humeur, le plus connu étant le Lithium. On essaie toujours de mettre un seul traitement, à la dose minimale possible.
Quand c’est nécessaire, on peut y adjoindre un anti-dépresseur, un anxiolytique ou un somnifère de façon ponctuelle.
La psychothérapie et la psychoéducation, afin d’accompagner le patient et sa famille, sont essentiels en complément des traitements. Cela permet d’optimiser son observance aux médicaments et de travailler sur les règles d’hygiène et de diététique (sommeil, alimentation…)
Docteur Fanny JACQ, psychiatre et co-fondatrice de Doctopsy, service de consultation dédié à la psychologie, la psychiatrie, la nutrition et l’addictologie.
*Besoin incontrôlable de parler
Conseils quand on soupçonne une personne de souffrir de troubles psychiques :
- Approcher la personne, évaluer et assister en cas de crise (Echanger de manière bienveillante, lui dire que tu te soucies d’elle, que tu veux l’aider sans poser de diagnostic… En cas de danger pour la personne ou pour autrui, ne pas hésiter à appeler les autorités compétentes.)
- Ecouter activement et sans jugement
- Réconforter et informer (Traiter la personne avec respect et dignité, se montrer compréhensif ; si la personne le souhaite, lui donner des informations sur les troubles psychiques / les structures d’orientations existantes…)
- Encourager à aller vers des professionnels
- Renseigner sur les autres ressources disponibles (Encourager la personne souffrante à se tourner vers ses proches, sa familles, ses amis…
Si tu souhaites en savoir + sur les premiers secours en santé mentale, tu peux te former grâce à « Premiers Secours en Santé Mentale France (PSSM France) ». Les premiers secours sont donnés jusqu’à ce qu’une aide professionnelle puisse être apportée ou jusqu’à ce que la crise soit résolue. Cette formation te permettra d’aider une personne qui subit le début d’un trouble de santé mentale, une détérioration d’un trouble de santé mentale ou qui est dans une phase de crise de santé mentale. A terme, tu pourras même devenir formateur à ton tour !
Plus d’informations ici : https://pssmfrance.fr/
Sources :
HAS Santé : « Troubles bipolaires : repérage et diagnostic en premier recours »
Ameli : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/trouble-bipolaire/comprendre-troubles-bipolaires
https://www.troubles-bipolaires.com/
Quel est le trouble bipolaire le plus sévère ?
Le trouble bipolaire le plus sévère est le trouble bipolaire de type I. Il se manifeste par des épisodes maniaques intenses, une augmentation excessive de l’énergie, des troubles de sommeil et des comportements impulsifs.
Combien de temps faut-il pour poser le bon diagnostic des troubles bipolaires ?
Poser le bon diagnostic des troubles bipolaires peut prendre du temps, car il est essentiel de recueillir des informations approfondies sur les antécédents médicaux du patient. En moyenne, cela peut prendre entre six mois et plusieurs années pour établir un diagnostic précis.
Comment savoir si l’on est bipolaire ?
Pour savoir si l’on est bipolaire, il faut consulter un psychiatre. Les symptômes bipolaires comprennent généralement des changements de l’humeur ainsi que des fluctuations entre des périodes de dépression et des épisodes de manie.
Quand est-ce qu’une personne bipolaire commence à faire des épisodes maniaques ou dépressifs ?
Une personne bipolaire peut commencer à faire ces épisodes à tout moment de sa vie. Ces derniers se caractérisent par une augmentation de l’énergie, des comportements impulsifs, une perte d’intérêt et une fatigue excessive.
À quel âge les crises bipolaires se produisent-elles généralement ?
Les crises bipolaires peuvent survenir à tout âge, mais elles se manifestent généralement pour la première fois chez les jeunes adultes, entre l’âge de 15 et 25 ans. Les troubles bipolaires peuvent également se développer à un âge plus avancé.
Comment remonter le moral d’une personne bipolaire ?
Encouragez la personne à suivre son traitement médical, à maintenir une routine saine comprenant une activité physique régulière peut contribuer à stabiliser son humeur et à la réconforter.
Les symptômes des troubles bipolaires s’intensifient-ils avec l’âge ?
Bien que les symptômes puissent s’intensifier pendant certaines phases de la vie, il n’y a pas de règle générale selon laquelle ils s’aggravent avec l’âge. La gestion appropriée de la maladie, y compris un traitement médical adéquat et un suivi régulier avec un psychiatre peut aider à atténuer les symptômes des patients bipolaires.
Est-il possible d’arrêter le traitement pour une personne bipolaire ?
Le trouble bipolaire est une condition chronique qui nécessite généralement un traitement à long terme pour maintenir la stabilité de l’humeur. Arrêter brusquement le traitement peut être très risqué.
Pourquoi les personnes bipolaires refusent-elles leur traitement ?
Les personnes bipolaires peuvent refuser leur traitement en raison du refus de la maladie. En général, elles pensent qu’elles n’ont pas besoin de médicaments ou qu’elles peuvent gérer leur trouble par elles-mêmes. Il est donc essentiel de les encourager à recourir à un réseau de soin.
Est-ce que la téléconsultation médicale peut être utile pour le suivi des personnes bipolaires ?
Oui, la téléconsultation médicale est une option appropriée pour le suivi des personnes bipolaires. Elle peut inclure des évaluations de l’état de santé, des ajustements de traitement et un soutien émotionnel contribuant ainsi à maintenir la continuité des soins pour la personne bipolaire.
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