Boulimie : Symptômes, conséquences et prise en charge
Octobre 2023
La boulimie, souvent mal comprise et stigmatisée, n'en demeure pas moins une réalité aux conséquences importantes. Elle se manifeste chez environ 1,5 % des jeunes âgés de 11 à 20 ans, touchant ainsi près de trois jeunes filles pour chaque garçon concerné. En parallèle, l'hyperphagie boulimique se déploie de manière plus étendue, touchant entre 3 % et 5 % de l'ensemble de la population (HAS, 2019).

La Boulimie, comment la reconnaître et la traiter ?
La boulimie, c’est quoi ?
La boulimie, connue sous le nom de boulimie nerveuse, est un trouble du comportement alimentaire (TCA), au même titre que l’anorexie mentale. Il est caractérisé par des épisodes récurrents de consommation excessive d’aliments et ce bien que la personne tente de se rationaliser. Ces crises sont ainsi suivies par la manifestation de ce que l’on appelle des comportements compensatoires.
Ces derniers peuvent aller de l’exercice physique excessif à l’utilisation inappropriée de laxatifs et diurétiques, en passant par les vomissements auto-provoqués. L’objectif étant d’éviter une prise de poids suite à l’ingestion massive d’aliments.
La boulimie ne doit pas être confondue avec un autre trouble alimentaire appelé hyperphagie boulimique. Dans ce dernier cas, on observe également des crises alimentaires récurrentes, mais sans comportements compensatoires.
Comment reconnaître les symptômes de la boulimie ?
Les symptômes de la boulimie ne sont pas systématiquement visibles par l’entourage. En effet, le diagnostic de cette maladie est très souvent tardif, d’où l’importance d’en connaître les comportements typiques.
Les crises débutent fréquemment par l’expression d’anxiété et d’irritabilité provoqués par la sensation de manque. En découle un besoin compulsif et incontrôlable de manger. Les quantités ingérées sont très grandes et la consommation d’aliments se déroule généralement entre les repas et en cachette.
Tu peux aussi constater que la personne mange très rapidement et sans mâcher, pour créer cette sensation de « remplissage ». Souvent, la nourriture ingérée est grasse ou sucrée, à portée de main.
Rapidement après l’épisode boulimique, survient un sentiment de dégoût de soi qui va inciter l’individu à recourir aux comportements compensatoires pour se soulager et déculpabiliser.
Entre les crises, une personne qui souffre de boulimie aura aussi tendance à pratiquer une activité physique plus ou moins intense ou à entamer des périodes de jeûne
S’informer : Causes et facteurs de risque
Facteurs biologiques et génétiques
Des recherches en neurosciences ont révélé que certains déséquilibres chimiques dans le cerveau pourraient contribuer à l’apparition de crises boulimiques. Des études sur des jumeaux ont également suggéré une certaine prédisposition génétique.
Cependant, il est important de noter que ces facteurs ne suffisent pas à eux seuls à expliquer le développement du trouble : ils augmentent simplement les risques.
S’ajoute à cela la question hormonale. Des niveaux élevés de cortisol, une hormone liée au stress, ainsi qu’une sérotonine anormalement basse – un neurotransmetteur lié aux humeurs et aux comportements alimentaires – sont souvent observés chez les personnes atteintes de boulimie.
Facteurs psychologiques
Plusieurs facteurs psychologiques peuvent également contribuer au développement de la boulimie.
Les individus ayant une faible estime d’eux-mêmes, un perfectionnisme exacerbé ou des difficultés à gérer les émotions et le stress ont tendance à être plus vulnérables.
La place des expériences traumatiques dans l’enfance ne doit également pas être négligée. En effet, bon nombre des personnes souffrant de boulimie rapportent avoir subi des abus physiques ou sexuels durant leur enfance.
Il convient aussi d’évoquer la pression socioculturelle qui incite à suivre un idéal corporel irréaliste et souvent inatteignable, créant ainsi un terrain favorable pour le développement du trouble chez certaines personnes sensibles à ce type d’influence.
Enfin, il importe de préciser que ces facteurs interagissent généralement entre eux pour produire l’apparition du trouble : aucun d’entre eux ne peut donc être considéré comme une cause isolée.
Quelles sont les conséquences de la boulimie sur la santé ?
Conséquences physiques
La boulimie a des répercussions néfastes sur le corps, en particulier lorsque les comportements compensatoires impliquent des vomissements auto-provoqués ou l’utilisation de laxatifs et diurétiques.
Les vomissements répétés lors des crises boulimiques peuvent endommager l’œsophage et les dents à cause de l’acidité de l’estomac. La déshydratation est un autre problème courant chez les personnes atteintes de boulimie, en raison d’une perte excessive de liquide corporel durant les purges.
Les troubles du sommeil, la fatigue chronique, les douleurs abdominales ou encore les irrégularités menstruelles sont fréquemment observées. Les conséquences à long terme peuvent comprendre une altération du système cardiovasculaire, une insuffisance rénale ou encore un déséquilibre électrolytique grave pouvant mener à un arrêt cardiaque.
Impacts psychologiques et social
Sur le plan émotionnel et mental, la boulimie peut entraîner une détresse psychologique sévère. Beaucoup de personnes souffrant de ce trouble font état d’un sentiment d’impuissance face à leur comportement alimentaire.
Elles ressentent souvent honte et culpabilité après une crise alimentaire, ce qui peut aggraver leur détresse émotionnelle et alimenter le cycle de la maladie. Paradoxal et vicieux, ce processus tend à nourrir le cycle de la maladie, où la boulimie elle-même amplifie les émotions négatives, renforçant son emprise sur l’individu.
La boulimie est souvent accompagnée d’autres troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété ou encore le trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Le risque suicidaire est également plus élevé chez ces personnes.
La boulimie ne se limite pas à un comportement alimentaire déréglé, mais entraîne des répercussions profondes sur la santé mentale des personnes qui en souffrent. Cette réalité complexe souligne la nécessité d’une approche globale et pluridisciplinaire pour aborder et traiter ce trouble de manière holistique.
Comment guérir de la boulimie : les options possibles
Un traitement actif
La guérison de la boulimie, comme toutes les TCA prend du temps mais est possible. Guérir de la boulimie suppose un traitement actif, qui implique le patient et une approche pluridisciplinaire.
Pour être efficace, le traitement doit combiner un travail sur :
- la gestion des repas et les actions associée à la nourriture
- la nutrition : équilibrer l’alimentation, combler les carences
- le rapport au corps et au poids, l’image soi et la peur du surpoids ou de l’obésité
- l’anxiété, la dépression et les troubles de l’humeur
- la pleine conscience : manger et mâcher lentement en prenant conscience du moment présent
Plus le diagnostic est posé rapidement et le trouble traité tôt, plus la guérison sera rapide et stable. Il faut donc être en alerte dès le constat de signaux d’alerte (y compris les comportements liés à l’hyperphagie ou l’anorexie mentale qui conduisent souvent à des crises boulimiques avec effets compensatoires).
Les Thérapies Cognitivo Comportementales (TCC)
La maladie ayant des causes psychologiques et émotionnelles, dès le repérage des conduites à risque (diminution des quantités de nourriture, changement physique et amaigrissement, isolement), le patient qui consulte un thérapeute peut rapidement être prise en charge. Un accompagnement personnalisé permet de connaître l’origine du trouble et d’enrayer de graves conséquences sur la santé.
Les TCC ont une approche individuelle de la maladie avec comme pilier de considérer le patient dans son entièreté. L’objectif étant de comprendre et analyser les facteurs, les déclencheurs, les syndromes du trouble de chaque individu puis de mutualiser cette expérience au profit d’autres patients.
Chez certaines personnes réceptives, l’hypnose peut notamment conduire à un apaisement favorisant le suivi du traitement et une diminution des crises induites par le trouble.
Les thérapies familiales
Dans certains cas seulement, ces thérapies peuvent aider à résoudre les conflits, les non-dits, les jugements au sein du cercle familiale. Cela permet également aux membres de la famille de comprendre le comportement de la personne et de participer aux actions de guérison en devenant un “aidant” du patient.
Ce type de thérapie est à envisager avec précaution, car le processus peut avoir l’effet inverse sur le patient. Dans les cas sévères combinés à une comorbidité dépressive, une coupure totale du cercle familial et des interactions sociales dans le cadre d’un séjour en clinique peut être nécessaire en début de traitement.
Le rééquilibrage alimentaire et la gestion des repas
Paradoxalement, faire plus de repas permet souvent de faire moins de crises. Une régulation du cycle circadien permet de cadrer l’absorption de nourriture et de reprendre le contrôle sur la nourriture ingérée. Le cadrage permet de limiter les comportements compulsifs et les comportements compensatoires liés (vomissements, prise de laxatifs)
Un nutritionniste ou un diététicien saura t’accompagner pour réapprendre à manger :
- comprendre le rôle et les bénéfices des aliments
- faire les courses à l’avance et préparer les menus pour manger équilibré
- organiser les repas : minimum 3 par jour, si possible aux mêmes horaires et dans des situations calmes
Les traitements médicamenteux
Les compléments alimentaires ne sont pas un traitement à part entière mais ils pourront participer au rééquilibrage en comblant les carences en vitamines et en minéraux.
Un traitement médical peut être prescrit par le médecin. La prise de médicaments dure souvent plusieurs semaines ou mois avec une progression et un ajustement de la posologie en fonction de la forme du trouble et des personnes : patients jeunes, femme ou homme.
Des antidépresseurs de type sérotoninergiques (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine) sont de bons alliés lors de complications pouvant aboutir à des états dépressifs.
L’arrêt du traitement doit être progressif pour éviter les effets secondaires et les rechutes.
Quelle prise en charge ?
Si toi ou l’un de tes proches semble souffrir de boulimie, la première étape consiste à prendre rendez-vous chez ton médecin généraliste. Il pourra ensuite t’aiguiller vers les prochaines marches à suivre et une éventuelle prise en charge psychologique.
Reconnaître la présence d’un Trouble du Comportement Alimentaire (TCA), comme la boulimie, est déjà un grand pas vers la guérison. Cependant, il est essentiel de rester patient et de t’entourer d’une équipe pluridisciplinaire pour surmonter cette maladie et prendre soin de ta santé mentale.
Pour info …
La mutuelle santé étudiante te donne accès à des remboursements importants pour tes dépenses médicales. Chez la LMDE, ta première séance chez le psychologue est entièrement prise en charge. Ensuite, tu pourras bénéficier d’un remboursement pouvant atteindre 40 € pour chacune des 10 séances suivantes.
N’hésite pas à explorer ces ressources pour en savoir plus :
Plateforme d’écoute « Anorexie Boulimie, Info écoute » : 08.10.03.70.37 (prix d’un appel local).
L’application mobile FEELEAT, conçue pour accompagner les personnes concernées par les TCA.
Le site internet www.fna-tca.org (Fédération Nationale des Associations liées aux conduites alimentaires) qui offre un soutien aux personnes souffrant de TCA ainsi qu’à leurs proches.
Le site internet www.ffab.fr (Fédération Française Anorexie Boulimie) qui dispose d’un annuaire complet de professionnels de santé à travers le pays spécialisés dans le traitement des TCA.
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